Ne pas sanctionner, mais encourager. Et pourquoi pas rechercher un impact positif sur la société. Les investisseurs institutionnels, présents lors du séminaire Impact Investing organisé par l’Agefi jeudi 24 mai, privilégient l’investissement responsable à travers une approche d’incitation au changement, de dialogue actionnarial. Ils s’accordent sur les limites de l’exclusion. D’une part, cela restreint beaucoup trop leur capacité d’investissement. « Un grand fond de pension japonais expliquait qu’il ne pouvait pratiquer l’exclusion, car ‘’j’ai nulle part où me cacher, je suis investi partout dans l’économie », rapporte Philippe Desfossés, directeur de l’Erafp. D’autre part, l’exclusion est souvent stérile selon les investisseurs, ne produisant que très peu d’effets comparé à un dialogue constructif avec les entreprises. L’impact investing pour un choix cohérent L’approche Best in class fait davantage consensus. Et en allant plus loin, les investisseurs se lancent désormais dans l’impact investing qui doit permettre de faire la preuve d’un engagement ESG (Environnement, Social, Gouvernance) réel. L’impact investing permet en outre aux investisseurs de s’inscrire dans une démarche cohérente avec leur valeur et leur objet. « Il est très important de structurer notre politique d’investissement en ligne avec notre mission sociale », souligne Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France. « Nous cherchons aussi à être en phase avec ce qui nous définit, c’est-à-dire l’éducation, l’emploi », ajoute Sophie Elkrief, directeur des investissements et des placements à la MAIF. Mais l’impact investing a ses limites. Il est souvent synonyme d’un abandon de la performance. Ce qui interroge des investisseurs institutionnels soucieux de préserver la performance de leur portefeuille. « Le problème de l’impact investing est qu’il est souvent réalisé dans le non coté et le marché manque de profondeur », ajoute Philippe Gaboriau, directeur général du Fonds de dotation du Louvre. Enfin, et surtout, se pose la question de la mesure des impacts et de la fiabilité des indicateurs. Grille de lecture ? Il n’existe pas encore de grille de lecture commune, mais les travaux de la Commission européenne sur les investissements verts ont permis de faire un grand pas en avant, notamment grâce au système de classification unifié des investissements au sein de l’UE (taxonomie) et aux indices de référence «bas carbone, se félicitent les institutionnels. En matière de critères Sociaux et de Gouvernance, la question est plus délicate même si certains s’appuient sur les objectifs de développement (ODD) des Nations-Unies. « Pour le social et la gouvernance, les informations proviennent souvent des entreprises elles mêmes. Elles ne parleront jamais du nombre de burn out ou de licenciements par exemple », indique Robert de Guigné, directeur des solutions ESG, chez Lombard Odier Investments Managers. Pour Philippe Desfossés, directeur de l’Erafp, « il y a beaucoup de signaux contradictoires et il est difficile de trouver la bonne information, de trouver le signal avancé dans le bruit ambiant ». L’Erafp indique s’intéresser à l’intelligence artificielle pour faciliter cette surveillance et le traitement de l’information. Quant à Lombard Odier Investments Managers, la société peut par exemple utiliser les commentaires apportés par les salariés sur leurs employeurs sur des sites spécialisés consacrés au bien-être au travail comme une source précieuse d’informations. TV
La finance solidaire gagne du terrain. En 2017, 1,8 milliard d’euros supplémentaires ont en effet été déposés sur des placements solidaires, selon le 16ème baromètre de la finance solidaire publié par le journal La Croix et l’association Finansol. En 2017, le secteur a ainsi enregistré 366.000 nouvelles souscriptions. L’encours de l'épargne solidaire atteint désormais 11,5 milliards d’euros, en hausse de 18,3% sur un an. « 2017 fut l’année d’un alignement favorable des planètes dont a directement profité la finance solidaire, explique Frédéric Fourrier, responsable de l’observatoire de Finansol, cité dans La Croix. Il y a dix ans, l’encours total n’excédait pas 1,7 milliard, soit moins que ce que l’accroissement annuel d'épargne a apporté. »
Un signataire des Principes pour l’investissement responsable (PRI) sur 10 a été placé sur une liste de surveillance pour n’avoir pas su montrer qu’ils prenaient leur engagement au sérieux, rapporte le Financial Times fund management. Les PRI vont envoyer un préavis à 185 de ses 1.967 signataires dans les 15 jours qui viennent après qu’un audit interne a montré qu’ils n’avaient pas prouvé un standard minimum d’activité d’investissement responsable. L’organisme n’a pas dévoilé l’identité de ceux qui sont sur la liste, mais indique qu’elle inclue des membres de tailles diverses et de toutes les régions. Moins d’un cinquième sont des détenteurs d’actifs, le reste étant des sociétés de gestion. Les sociétés sur la liste de surveillance ont deux ans pour s’amender. Dans le cas contraire, elles risquent d’être expulsées.
Conformément à ce qui était attendu, la Commission Européenne a publié ce 24 mai ses premières mesures destinées à "montrer la voie vers une économie plus propre".
La Commission européenne a dévoilé jeudi deux premières propositions législatives concernant la finance verte, comme révélé dans L’Agefi Quotidien du 22 mai, dans la lignée de son plan d’action de mars.
Axa apparait comme le leader des assureurs mondiaux pour ses engagements climatiques, selon le classement mondial des assureurs d’Asset Owners Disclosure Project (AODP) publié ce jeudi 24 mai. L’ONG britannique note les efforts en faveur de la limitation du réchauffement climatique des investisseurs institutionnels et s’appuie sur le cadre de reporting du groupe d’experts sur le climat, TCFD (Task Force on Climate Disclosure), émanation du G20. Axa bénéfice de la meilleure note « AAA » notamment grâce à ses annonces faites en décembre : investissements verts portés à 12 milliards d’ici à 2020 contre 3 milliards initialement, désinvestissement des entreprises qui tirent plus de 30% de leurs revenus ou de leur mix énergétique du charbon, fin des assurances des projets de construction de centrale à charbon ni des entreprises d’extraction de sables bitumineux et de pipelines associés. Trois assureurs français dans le top 10 Deux autres assureurs français apparaissent dans le top 10 : CNP Assurances, passé de 76eme à 6eme place, et Crédit Agricole Assurances qui arrive à la 8ème place. Ainsi, la France est le pays qui a le plus d’assureurs notés AAA-B, souligne le rapport. L’Europe est la région leader grâce aux trois meilleurs du classement Axa, Aviva, Allianz. Ce dernier est monté de trois rangs à la 3ème place. 13 des 14 sociétés notées au moins « B » sont européennes. Parmi les 80 assureurs mondiaux, Tokio Marine, Legal & General, Credit Agricole, Allianz SE, Generali, NN Group, et Swiss Re présentent les meilleures progressions sur l’année. Les États-Unis sont en mauvaise position avec 43% d’assureurs notés D ou X malgré les engagements de Hartford, Metlife et Travelers. Mais, même le « meilleur » américain arrive 22eme, The Hartford, noté « CC ». La zone Asie-Pacifique occupe le bas du classement (notes « D » et « X ») sauf le Japon avec 4 sociétés dans le top 20. Dans l’ensemble, le secteur est encore loin d’être aligné sur les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, selon le rapport. TV
Pour être en phase avec ses valeurs mutualistes, la Macif s'est lancée dans une démarche de prise en compte des critères ESG, destinée à couvrir l'ensemble de sa politique d'investissement. Olivier Arlès, directeur général délégué en charge du pilotage économique et financier, ainsi que la directrice des investissements, Sabine Castellan-Poquet, et ses équipes, exposent dans le cadre de leur participation aux Couronnes Instit Invest 2018 les initiatives de l'institution en matière d'investissement responsable. Appuyée par l'expertise d'OFI AM, cette démarche passe notamment par une approche best-in-class et une politique d'engagement menée sur les actifs détenus en direct.
Groupama AM a annoncé la promotion de Marie Pierre Peillon à la fonction de directrice de la Recherche et de la Stratégie ESG et de Aurélie de Barochez, à celle de responsable de l’intégration ESG. Jusqu’ici directrice de la Recherche chez Groupama AM, Marie-Pierre Peillon (57 ans) aura la responsabilité de la stratégie ESG de Groupama AM dans toutes ses composantes. De son côté, sous la responsabilité de Marie-Pierre Peillon, Aurélie de Barochez sera en charge du pilotage de l’intégration transversale des critères d’analyse ESG à l’ensemble des gestions et de la conception d’outils et processus permettant ce déploiement.
EDF vise un maximum d'émissions annuelles de CO2 de 30 millions de tonnes en 2030, contre 51 millions de tonnes par an aujourd’hui, a annoncé hier le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy. Une telle réduction, de 40% des émissions de CO2, amènera les émissions du groupe à 40g/Kwh, a-t-il précisé. Cette réduction sera réalisée «en fermant ou en adaptant des centrales au charbon et au fioul» ainsi que «par le développement accéléré de moyens de production renouvelables en complément de la production nucléaire et hydraulique», a expliqué EDF dans un communiqué.
La Commission européenne va proposer un objectif de réduction d’au moins 30% d’ici 2030 des émissions de dioxyde de carbone des poids lourds, rapportait hier Reuters de source européenne. L’UE n’impose pour l’instant aucune limite alors que ces émissions représentent près d’un quart du total des émissions polluantes dues aux transports sur son territoire. La Commission va proposer un objectif intermédiaire de 15% en 2025 et un système d’incitations financières pour récompenser les constructeurs investissant dans les technologies moins polluantes en CO2. L’exécutif européen doit dévoiler ses propositions jeudi. Celles-ci devront ensuite être approuvées par les Etats membres et par le Parlement européen.
Ce mercredi 2 mai, à l’initiative des élus écologistes, la Ville de Paris a décidé d’appeler les assureurs à retirer leurs soutiens aux projets et entreprises du secteur du charbon, afin d’agir contre la pollution de l’air et les changements climatiques.
Le groupe Allianz qui s’est fixé comme objectif climatique de prendre en compte la limitation du réchauffement à moins de 2°C dans toutes les activités, précise sa stratégie. «D’ici à 2040, Allianz va progressivement éliminer tout investissement pour compte propre dans des entreprises du secteur du charbon ainsi que ses polices d’assurance couvrant les risques associés au charbon. Par ailleurs, la groupe va réduire l’empreinte carbone de ses opérations d’ici à 2040, notamment en augmentant la part des énergies renouvelables dans l'électricité qu’elle consomme», indique le groupe dans un communiqué. Au sein de l’initiative à but non lucratif Science Based Targets (SBTi), Allianz doit formuler des méthodes et des objectifs sous-jacents d’ici la fin de l’année. « En tant que leader de l’assurance et des investissements, nous souhaitons promouvoir la transition vers une économie respectueuse du climat. », explique le PDG d’Allianz SE, Oliver Bäte. « Nous sommes persuadés que notre approche permettra d’améliorer le profil risque-rendement de notre portefeuille sur le long terme » Allianz prévoit que les entreprises qui n’arrivent pas à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre conformément à l’objectif de 2°C dans les décennies à venir seront progressivement exclues du portefeuille. Allianz veut adopter un dialogue actif avec les entreprises en «demandant l’adoption d’objectifs de protection du climat à long terme, comparables à l’approche de notation ESG qui est déjà appliquée aux entreprises présentant des risques ESG élevés». « Nous sommes persuadés que notre approche permettra d’améliorer le profil risque-rendement de notre portefeuille sur le long terme et que nous allons ainsi renforcer notre position en tant qu’investisseur tourné vers l’avenir », explique Günther Thallinger, membre du Directoire d’Allianz SE et responsable des investissements et de la stratégie ESG. Par ailleurs, le seuil maximum fixé pour la part de charbon utilisée par les émetteurs du secteur de l'énergie financés par Allianz sera progressivement réduit par tranches de 5% pour passer de 30% actuellement à 0% en 2040. Ce seuil s’applique aux revenus générés par une compagnie minière grâce à l’extraction de charbon ou au pourcentage d'électricité généré à partir du charbon par les entreprises du secteur énergétique. Le prochain ajustement sera mis en place d’ici cinq ans. Avec effet immédiat, Allianz cessera d’investir dans les producteurs d'énergie qui menacent l’objectif de 2°C en construisant d’importantes centrales au charbon, annonce le groupe. Dans le domaine de l’assurance IARD, Allianz cessera avec effet immédiat de proposer des solutions d’assurance aux centrales au charbon ou aux mines de charbon individuelles, qu’elles soient en activité ou en projet. Les sociétés qui produisent de l'électricité à partir de plusieurs sources, comme le charbon, d’autres combustibles fossiles ou des énergies renouvelables, continueront d'être assurées et feront l’objet d’un examen individuel sur la base de critères ESG. Toutefois, l’objectif d’Allianz est d'éliminer complètement les risques liés au charbon de ses activités d’assurance d’ici à 2040. TV.
Dans son dernier rapport pays concernant la France, le Climate Bonds Initiative salue les efforts menés par les investisseurs et le gouvernement pour doper le marché des green bonds. «Les émetteurs français ont propulsé le pays à une position emblématique», indique d’emblée les auteurs. Le rôle de l’Etat émetteur est notamment salué avec l'émission en 2017 de l’OAT verte d’un montant de 9,7 milliards d’euros, « l’obligation verte la plus importante à avoir jamais été émise ». Grâce à cet effort, les émissions d’obligations vertes ont quadruplé en 2017 passant de moins de 5 milliards d’euros à près de 20 milliards d’euros, expliqué pour moitié par cette obligation souveraine. Et le potentiel à court terme pourrait être encore plus exploité, souligne l’étude. Elle identifie 50 autres émetteurs «en phase sur les questions climatiques (climate-aligned issuers)» qui pourraient rejoindre les autres émetteurs. Les auteurs ont repéré 25 émetteurs d’obligations classiques parmi les collectivités territoriales. « Au niveau local, l’Île-de-France, les Hauts-de-France, le département de l’Essonne et la ville de Paris ont ouvert la voie, mais d’autres municipalités et régions pourraient émettre des obligations vertes si elles le souhaitaient, et notamment six villes, dont Lille, Lyon, Marseille et Tours », soulignent-ils. Parmi les entités soutenues par l’Etat, le rapport cible 9 autres bons candidats : « La Société Nationale Immobilière, par exemple, est l’entité la plus exposée aux marchés obligataires internationaux. Le montant des obligations émises par la Caisse de Refinancement de l’Habitat est, en moyenne, le plus élevé, et le volume d’émissions permet de maintenir le coût relatif desdites émissions à un faible niveau. La Compagnie de Financement Foncier détient quant à elle l’encours obligataire le plus élevé, ainsi que montant le plus important d’obligations émises sur des marchés internationaux », indique le rapport. Enfin, parmi les entreprises privées, 16 sociétés pourraient émettre des obligations vertes dont Veolia, Saint Gobain, Klépierre, Alstom ou encore Bionersis. TV
La Californie et 16 autres Etats américains ont intenté hier une action en justice contre la décision de l’administration fédérale d’assouplir les normes d'émission et de consommation des véhicules mises en place sous la présidence de Barack Obama. Ils ont déposé une plainte devant la Cour d’appel du District of Columbia contre la décision de l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) de déclarer «inadaptées» ces normes destinées à rendre les voitures moins polluantes. Le directeur de l’EPA, Scott Pruitt, connu pour ses positions climatosceptiques, a ordonné la révision de ces normes pour les véhicules des années 2022 à 2025.
Certainement très attendu par la profession, Morningstar a annoncé ce 1er mai le lancement d’un nouvel outil, le Morningstar Portfolio Carbon Risk Score, qui aidera les investisseurs à évaluer l’exposition d’un portefeuille au risque carbone. Les portefeuilles affichant des niveaux d’exposition faibles au risque carbone et aux combustibles fossiles seront identifiés comme tels avec un label «Low Carbon Designation», ce qui permettra aux investisseurs d’identifier rapidement les fonds bas carbone. Le nouvel outil s’appliquera dans un premier temps à environ 30.000 fonds dans le monde, avec des notes allant de «faible» à «élevé», «faible» suggérant un niveau peu élevé d’exposition au risque carbone. Morningstar calcule ce niveau d’exposition en utilisant les évaluations de Sustainalytics, le spécialiste de la notation et de la recherche ESG et du gouvernement d’entreprise. EJ
L’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (Erafp) a lancé hier un appel d’offres restreint afin d’attribuer des mandats de gestion de portefeuilles d’obligations de pays émergents. Trois sociétés de gestion seront retenues, pour une stratégie «de convictions non benchmarkée», «dans le respect des dispositions ISR» de l’Erafp, précise le communiqué.