C’est sans doute l’un des plus puissants gestes des investisseurs en faveur du climat depuis l’Accord de Paris en 2015. Ce mardi 12 décembre, à l’occasion du One Planet Summit, le sommet sur la finance climat organisé à Paris, 225 investisseurs mondiaux, représentant 26 300 milliards de dollars d’actifs (plus de dix fois le PIB de la France), ont décidé de mettre sous surveillance les 100 entreprises les plus émettrices de CO2 de la planète (1). C’est l’initiative Climate Action 100+, une coalition lancée pour les cinq années à venir Dans cette liste d’entreprises, on trouve énormément de pétroliers et d’énergéticiens (BP, Eon, Exxon…) mais aussi des mineurs (BHP Billiton, Rio Tinto, Suncor…), des entreprises liées au transport (Airbus, Rolls-Royce, Suzuki…), des aciéristes et des cimentiers (LafargeHolcim, ArcelorMittal…), des industriels de l’agroalimentaire (Pepsi, Nestlé…), etc. Pour ce qui des Français, on compte trois entreprises : Total, EDF et Engie (sans compter Airbus qui est européen). Une collaboration en première intention Du côté des investisseurs, de grands noms sont présents : Allianz, AP7, Axa, BNP Paribas, l’Ircantec, la Caisse des Dépôts, le Calpers, Mirova, Humanis… Mais aussi une série d’acteurs de tailles intermédiaires. Stephanie Maier, directrice de l’investissement responsable chez HSBC Global Asset Management, explique que «cette initiative est opportunité pour des investisseurs de petites tailles d’agir et de s’adresser aux entreprises avec l’aide des gros investisseurs qui ont plus de ressources et d’expériences sur ces enjeux climat». La coalition d’investisseurs assure que son but premier n’est pas de sanctionner mais de travailler en collaboration avec les 100 sociétés citées. D’ailleurs, toutes les entreprises ont été prévenues en amont de leur présence dans cette liste. «Nous voulons travailler avec ces entreprises pour abaisser leurs émissions, accroître leur transparence et les faire bénéficier au maximum des opportunités offertes par la lutte contre le changement climatique», assure Laetitia Tankwe, de la caisse des dépôts. Même si le Climate 100+ a conscience que chaque entreprise est différente et que l’accompagnement doit être personnalisé, «l’initiative vise à obtenir des engagements des conseils d’administration et de la haute direction» sur trois grands sujets. D’une part, «mettre en place un cadre de gouvernance solide qui articule clairement la responsabilité du conseil et la surveillance des risques et des opportunités liés aux changements climatiques». Possibilité de sortir de la liste D’autre part, «prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout au long de la chaîne de valeur, conformément à l’objectif de l’Accord de Paris». Enfin, «fournir une meilleure communication aux entreprises conformément aux recommandations finales du Groupe de travail sur les informations financières liées au climat», suivant les recommandations du groupe de travail du G20 sur le sujet (TCFD). Chaque année, Climate100+ fera une mise à jour de sa liste et les entreprises qui auront le plus progressé sortiront du classement. Dans le cas contraire, les investisseurs pourraient montrer les muscles. Les promoteurs du projet n’imaginent toutefois pas que des entreprises rejettent cette incitation à faire mieux.