Dans un entretien à Bloomberg TV, accordé peu de temps après sa lettre annuelle envoyée aux dirigeants des grandes entreprises et dans laquelle il les enjoint à prendre des mesures contre le changement climatique, Larry Fink, le cofondateur et dirigeant de BlackRock, l’assure «je ne fais pas cela parce que je suis un environnementaliste, je fais cela parce que je suis un capitaliste qui pense sincèrement que le changement climatique est un risque pour les investissements», explique-t-il. Rappelant que BlackRock est le plus grand gérant d’actifs à long terme pour la retraite au niveau mondial, il juge que le sujet du changement climatique est un sujet majeur de long terme qui a un impact sur toute la société et dont on voit les conséquences un peu plus chaque année. Pour lui, ralentir le changement climatique demandera la mobilisation de plusieurs milliers de milliards de dollars et créera de nombreux emplois, mais dans le même temps, il constate que de nombreuses entreprises ne sont pas bien préparées pour ce changement et ne bougent pas sur la question. Questionné sur l’implication des gouvernements en la matière, il pense qu’elle est indispensable, mais nuance sur la régulation en rappelant qu’il a toujours préféré que le capitalisme «s’autorégule» et que ce dernier bouge de toute façon sur cette question «parce que c’est bon pour le business». Face aux ONG qui lui reprochent de ne pas aller assez vite, Larry Fink estime que la «tension créée par les activistes verts a été positive» mais il demande à ce qu’elles comprennent que les créations d’emploi qui seront générées par la nouvelle économie ne seront peut-être pas concomitantes avec la destruction massive d’emplois qui sera générée par le ralentissement de l’ancienne économie où des millions d’emplois sont encore liés à l’industrie du carbone. Les populations sont déjà inquiètes pour leur avenir et cela se traduit par la montée du populisme. Il juge qu’il faudra «des investissements massifs dans la technologie» pour atteindre les objectifs climats et que c’est «le seul moyen réaliste d’y parvenir». Cela a été un grand effort pour nous de vendre nos actifs chinois Le dirigeant de la plus grande société de gestion d’actifs du monde s’est exprimé également sur l’obligation imposée aux Etats-Unis de vendre les actifs chinois cotés en Bourse pour les investisseurs américains. «Cela a été un grand effort pour nous de vendre ces actifs» a-t-il indiqué, rappelant que ces ventes ont été réalisées dans tous les produits domiciliés aux Etats-Unis, privant les Américains de la croissance de la deuxième économie mondiale, «mais que dans le même temps des flux record (d’investissement) de nos clients mondiaux s’orientent vers la Chine». Enfin, interrogé sur le marché du Bitcoin, dans lequel BlackRock a fait une récente entrée, Larry Fink estime qu’il s’agit d’un actif volatil sur «un marché très petit». Il se dit d’ailleurs «fasciné» lui-même par " la fascination» qui a gagné tous les médias de façon générale et tous les articles qui sont écrits sur le sujet alors que c’est une «catégorie d’actifs tellement petite par rapport à toutes les autres classes d’actifs». Il juge d’ailleurs que la viabilité du Bitcoin à long terme n’a pas encore été prouvée. «Une certaine forme de monnaie numérisée jouera un rôle plus important à l’avenir, et il se peut que ce soit le Bitcoin. Ou peut-être quelque chose d’autre qui se développera...».