La donnée, voilà un des sésames que le secteur de la gestion d’actifs tente de maîtriser depuis quelques années. Les grands groupes comme Axa IM ou Amundi se sont dotés d’équipes et de moyens devant leur permettre de mieux maîtriser l’ensemble des informations dont ils disposent. Mais quid des acteurs de petite taille ou de taille moyenne? «Nombreux sont ceux qui aujourd’hui sont attirés par le potentiel de l’Intelligence Artificielle, le Big Data ou d’autres sujets innovants mais ces projets de recherches sont l’apanage des grandes sociétés et ne reflètent pas toujours la réalité de terrain. Le reste du secteur a beaucoup de retard sur les sujets élémentaires liés à la donnée. Il y a un véritable problème au niveau de la complétude des bases titres et de leur centralisation par exemple. J’ai eu un client dont l’usage du référentiel titres était impossible : il n’était en mesure de ne traiter que deux ratings d’agence sur trois, saturé par les solutions de contournement et par la médiocrité des contrôles», explique le consultant David Laup. Comment alors aider le secteur financier à faire évoluer ses outils technologiques et se mettre au diapason des meilleurs standards ? C’est avec cette idée en tête et la volonté de sortir d’un secteur du conseil trop consensuel que le jeune consultant a lancé la société Virtual Beehive en 2016. Son secteur de prédilection sera alors la gestion d’actifs puisqu’il est passé auparavant par le gestionnaire d’actifs OFI AM, avant de rejoindre BI-SAM et d'étudier le rachat d’un autre cabinet de conseil en 2018. Il faut pourvoir bien quantifier et qualifier les données pour bien les utiliser et beaucoup ne parviennent même pas à ce stade « Bien sûr que les petits acteurs et ceux de taille moyenne ont envie de se lancer dans le machine learning ou s’adjoindre les services de data scientists. Mais avant de passer cette étape, il faut savoir qu’ils sont nombreux à avoir du retard par rapport aux autres secteurs sur la connaissance clients, la gestion des données, la gestion des risques, leur capacité à faire du prévisionnel. Ce sont des éléments de base : il faut pouvoir bien quantifier et qualifier les données pour bien les utiliser et beaucoup ne parviennent même pas à ce stade », déplore David Laup. La flambée des prix de la data ces dernières années n’aide en rien à la «mise aux normes» du secteur. Et l’impact est direct sur les mesures de performances, considérées encore par beaucoup comme un centre de coûts uniquement. «Le ticket moyen pour pouvoir se doter d’un bon outil est de 200.000 euros. Ca en rebute plus d’un», explique-t-il. Les asset managers utilisent encore des fichiers Excel, un outil certes puissant, agile et qui permet de rester autonome par rapport à un fournisseur de données, mais qui implique que «chaque société développe sa technique dans son coin. Du coup, il y a moins de maîtrise à l’heure où on devrait au contraire être plus dans le contrôle». Virtual Beehive compte aujourd’hui 18 collaborateurs et présente une offre matricielle avec trois grandes lignes de métier : les opérations du front et du middle office (assistants de gestion, MOA, chargés de production, etc); la gestion des données (data scientist, data management, etc) et le corporate finance (RH, pilotage des entreprises, M&A via un partenariat avec PE Build-Up…). La société a aussi élargi son expertise à une poignée d’autres secteurs hors finance comme l’automobile et la pharmacie. Parmi ses projets, David Laup cite l’ouverture prochaine d’un bureau à Dubaï pour couvrir l’Asie, ainsi qu’à Genève pour viser le secteur de la gestion de fortune. Il réfléchit également à l’acquisition d’une autre société d’ici quelques mois et pourrait s’ouvrir à d’autres compétences comme la cybersécurité. « L’idée de Virtual Beehive est d’être un Hub où serait logé toutes sortes de compétences au service de nos clients », explique le dirigeant. Cerise sur le gâteau, l’enregistrement de Virtual Beehive comme organisme de formation et le développement d’une structure de R&D avec comme illustration, le recrutement d’un doctorant en mathématique appliqué. Objectif : lancer dans quelques semaines un indice Quant original de gestion éthique spécialisé en finance islamique.