Depuis 1977, Henderson Global Investors (HGI) gère des fonds ISR. L’encours se situait fin septembre à 584 millions de livres dont 432,7 millions dans quatre fonds retail. Initialement, le gestionnaire britannique a utilisé la formule de l’exclusion (pornographie, jeux de hasard, tabac, alcool, armements), puis il a aussi intégré celle du «best-in-class». Mais pour s’apercevoir assez vite, comme le note Patricia Kaveh, directrice du développement pour la France, Genève et Monaco, que ce modus operandi se heurtait à deux problèmes, celui d’une couverture suffisante et celui de la performance. Pour conférer une assise large au processus tout en réconciliant ISR et performance, HGI a développé en 2005 le concept Industries of the Future, qui a d’ailleurs fait en janvier l’objet du lancement d’un fonds luxembourgeois, comme le note Seb Beloe, le directeur de l’analyse au sein d’une équipe ISR dédiée de huit personnes. Le fonds britannique affiche sur les trois ans à fin février une perte annualisée de 6,29 %, alors que le MSCI perdait 8,68 %. L’idée a simplement consisté à identifier dix thèmes structurels et structurants, cinq environnementaux (énergies propres, efficacité énergétique, services environnementaux, gestion de l’eau, transports «durable») et cinq sociaux (finance et immobilier sociaux, santé, connaissance, qualité de la vie, sécurité), en fonction des critères de soutenabilité et de responsabilité (RSE). Avec cette arrière-pensée que les meilleures entreprises passant les différents filtres extra-financiers puis financiers sont celles qui devraient sur le long terme surperformer leurs secteurs respectifs. C’est donc «une veille de long terme qui a pour but de combiner éthique et rendement», insiste Seb Beloe. La référence est le MSCI, pas un indice ISR Actuellement, les deux thèmes qui pèsent le plus dans le portefeuille sont la santé (28,4 %) et l’efficacité énergétique (20 %), loin devant les services environnementaux (11,4 %). La composition géographique du portefeuille est calquée sur celle du MSCI monde (mais pas sur celle d’un indice purement ISR), et l’univers retenu se compose de 1.624 entreprises dont 54 % aux Etats-Unis. Sur ce total, l'équipe et le gérant Tim Dieppe sélectionnent entre 80 et 100 valeurs, qui ont a priori vocation à demeurer environ 3 ans en portefeuille. Dans ce lot, on compte entre un cinquième et un tiers de capitalisations inférieures à 2 milliards de dollars. Par rapport au benchmark, le portefeuille est surpondéré en industrielles et en valeurs de la santé, et sous-pondéré en énergie et financières. Pour Seb Beloe, la sélection des entreprises passe par l’intégration de la recherche d’Innovest pour les profils et de RiskMetrics pour la gouvernance, mais aussi par 300 visites d’entreprises par an, des contacts avec les ONG et les syndicats et une revue de presse spéciale fournie par Factiva. De plus, HGI ne néglige pas la politique «d’engagement» et se targue d’avoir notamment réussi à convaincre le chinois Suntec (coté aux Etats-Unis) d’imposer à certains de ses sous-traitants des pratiques environnementales convenables. Parmi les valeurs françaises en portefeuille, Seb Beloe cite Nexans, Schneider Electric et Veolia.