Lionel Paquin, responsable de la plate-forme de comptes gérés de Lyxor Asset Management, est plutôt confiant. «Au premier semestre, explique -t-il, les actifs sous gestion de notre plate-forme de managed accounts ont progressé de 1% à 11,2 milliards de dollars alors que le secteur dans son ensemble s’inscrit en recul de 1%».Et cette tendance haussière se poursuit au second semestre. «Le marché est résilient et même en développement sur notre périmètre», indique le responsable qui précise que sa clientèle est constituée pour environ 55% d’investisseurs institutionnels et pour 45% de banques privées, family offices ou fonds de fonds, surtout en Europe mais avec un intérêt croissant des investisseurs asiatiques et nord-américains.Cela dit, force est de reconnaître que dans l’environnement actuel, le secteur des hedge funds ne brille pas particulièrement. «L’industrie est stable. Les performances sont généralement bonnes sans être exceptionnelles», estime Lionel Paquin qui évoque deux raisons à cette évolution. Tout d’abord, la situation en Europe d’une grande complexité et qui se caractérise par de fréquents rebondissements. «Les gérants de l’alternatif ont adopté une posture temporairement prudente. Ils ont tendance à rester à l'écart d’une région qui présente selon beaucoup d’entre eux un risque systémique élevé. Conséquence, beaucoup de fonds affichent un levier bas et des positions directionnelles très limitées et bien évidemment, la performance moyenne de l’industrie s’en ressent», indique Lionel Paquin.Il y a par ailleurs le phénomène de corrélation. «Toutes les classes d’actifs se corrèlent en période de crise car elles réagissent toutes aux mêmes facteurs politiques, systémiques, monétaires. Et la si la corrélation augmente, le nombre réel d’opportunités dans le marché diminue», poursuit Lionel PaquinMais cet environnement présente aussi des opportunités et même des opportunités considérables. «Dans la période que nous traversons actuellement, la moyenne masque des choses très intéressantes. Mais pour opérer un choix qui reflète ses convictions, il faut aussi avoir la capacité de rentrer dans le détail d’un portefeuille, ce qui nécessite d’avoir un partenaire expérimenté et disposant de ressources importantes», explique Lionel Paquin.Dans cette perspective, Lyxor estime avoir acquis la taille critique et une légitimité certaine. «Nos spécificités sont notre force. Notre plate-forme est probablement l’une des toutes premières en termes de taille et elle affiche quatorze ans d'âge. Autrement dit, nous avons la taille critique et nous avons aussi la légitimité que l’on accorde aux institutions qui ont traversé et résisté à plusieurs crises», selon Lionel Paquin. Autre atout, «nous sommes un asset manager en résonance culturelle avec notre clientèle institutionnelle». Last but not least, «nous fonctionnons en architecture ouverte avec onze prime brokers, une vingtaine de contreparties et trois administrateurs. Et dans cette relation, la taille nous donne un pouvoir de négociation considérable», relève Lionel Paquin.Autrement dit, le patron des comptes gérés de Lyxor estime se trouver en bonne position pour imprimer sa marque sur le secteur. «Il est possible de nous voir comme une forme de régulateur privé, au sens où nous normalisons et supervisons de façon indépendante un univers d’investissement», lance Lionel Paquin. «En matière de reporting par exemple, la norme chez nous est la fréquence hebdomadaire, voire quotidienne sur certains mandats dédiés.», précise le responsable. Cette position de leader donne aussi à Lyxor la possibilité de mieux répondre aux attentes des grands institutionnels. " Nous avons réalisé, il y a déjà plusieurs années, que les plus grands investisseurs institutionnels pouvaient avoir intérêt à bénéficier de plates-formes sur mesure entièrement dédiées à leurs besoins. En 2010, PGGM nous a ainsi sélectionnés pour convertir son portefeuille alternatif en managed account dédié, ce qui leur permet de bénéficier de services sur mesure, sur des fonds dont la sélection reste de leur responsabilité», indique Lionel Paquin."Ces solutions sur mesure intéressent les grands institutionnels et je peux vous dire que plusieurs projets sont à l'étude dans ce domaine», assure Lionel Paquin qui croit à un retour prochain vers l’alternatif. «Les investisseurs reviennent vers l’alternatif. Le mouvement devrait s’amplifier dans les prochains mois. Nous sommes très bien positionnés pour profiter de ce regain d’intérêt, selon Lionel Paquin qui évoque plusieurs stratégies susceptibles de s’imposer selon le scénario de marché qui prévaudra: CTA, fixed income arbitrage, long/short equity ou encore dette émergente.L’accès à une plate-forme de managed account a bien sûr un coût. «La structure de coût d’une plate-forme de comptés gérés est similaire à celle d’un hedge fund correspondant (par exemple une tarification 1,5%/20%), avec une couche supplémentaire qui vient rémunérer notre service. Comme les gérants, nous valorisons la taille et l’engagement de nos investisseurs dans la durée. Les tarifications sont largement dégressives et jamais supérieures à 70 points de base», précise Lionel Paquin.