«En matière d’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les Pays-Bas sont le marché leader du moment», estime Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, qui présentait mardi les conclusions d’une étude paneuropéenne sur les stratégies ESG des institutionnels*. Pour elle, ils bénéficient du moteur puissant que sont les fonds de pension APG et PGGM.Ainsi, 77 % des investisseurs institutionnels néerlandais ont déjà formalisé une politique d’investissement responsable et 15 % souhaitent le faire prochainement, confirme l’étude. La maîtrise des risques de long terme constitue le premier facteur d’incitation à l’intégration de facteurs ESG (46 %). Mais ils sont de plus en plus à vouloir protéger leur réputation, note l’étude : 31 % contre 10 % en 2011. Il faut dire, les institutionnels néerlandais sont régulièrement attaqués dans les médias sur la nature de leurs placements, note Novethic.C’est d’ailleurs un article dans la presse qui a poussé en 2007 le fonds de pension APG, pesant 300 milliards d’euros, à se pencher sur les critères ESG. Adeline Diab, expert senior sur les stratégies d’intégration et d’engagement de l’investissement responsable de l’institution néerlandaise, a aussi expliqué que le fonds doit rendre compte devant le Parlement néerlandais, notamment car il gère l’argent de fonctionnaires.En termes de pratiques, les investisseurs institutionnels néerlandais «sont à la croisée des marchés nordiques et du marché britannique, avec une forte prégnance de l’exclusion normative et de l’engagement actionnarial», résume François Passant, directeur général d’Eurosif. Ces deux approches sont citées à plus de 85 %. Chez APG, une équipe de 9 personnes s’occupe de l’intégration des critères ESG pour les différentes classes d’actifs. Concernant les placements alternatifs (hedge funds, private equity, immobilier…), les critères extra-financiers interviennent au moment de la due diligence. Pour les marchés de capitaux (actions, obligations…), des stratégies spécifiques sont appliquées à chaque classe d’actifs avec une approche ciblée sur les risques. Enfin, APG a une vaste politique d’engagement qui se décline en trois volets : l’engagement à l’égard des entreprises violant le Global Compact des Nations Unies ; des engagements sur des entreprises choisies chaque année dans chaque secteur ; enfin la participation à des actions collective en partenariat avec d’autres investisseurs institutionnels. En revanche, contrairement à la pratique répandue aux Pays-Bas, Adeline Diab indique qu’APG ne pratique pas l’exclusion. Les seules exclusions ont été celles de Wal-Mart et de PetroChina, deux entreprises pour lesquelles l’engagement - qui en général dure trois ans - a été un échec. *L’enquête annuelle sur la prise en compte des critères ESG par les investisseurs institutionnels européens a été réalisée avec le soutien de BNP Paribas Investment Partners. Elle a porté sur 115 dirigeants des principales institutions financières dans 11 pays détenant au total 4.470 milliards d’euros d’actifs.