Lors de la première journée du Forum GI qui s’est tenu hier au Palais Brongniart, la conférence d’ouverture était consacrée au financement de l'économie en période de crise. Parmi les intervenants, deux assureurs, Laurent Degioanni, directeur des investissements chez Malakoff Mederic, et Eric Dubos, directeur de gestion du groupe MACSF, sont revenus sur les difficultés réglementaires pour les assureurs à prendre le pas sur les banques. «A l'évidence, on demande aux assureurs de pallier le retrait des établissements bancaires», a confirmé Laurent Degioanni, «mais il ne faut pas se tromper de métier», a précisé le responsable en rappelant que la problématique de sa maison était avant tout de tenir ses engagements vis-à-vis de ses sociétaires et pas de financer l'économie. «En termes d’investissement, cependant, les infrastructures sont intéressantes et nous participons à des partenariats public-privé, mais cela reste à la marge», a-t-il ajouté. Même constat pour les prêts aux collectivités locales, le Code des Assurances permettant aux assureurs de leur prêter en direct. Il n’en reste pas moins que la réglementation s’avère pesante, ont insisté les deux responsables. Après avoir détaillé la composition de son portefeuille, investi à 85 % en obligations dont 20 % d’obligations convertibles auxquels s’ajoutent une poche d’actions représentant 5 % à 7 %, une poche monétaire de 5 % et une poche de diversification représentant 2 % à 3 %, Eric Dubos, le directeur de la gestion de la MACSF, a expliqué rester à l'écart des investissements de type «loans» ou infrastructures qui «ne rentrent pas, ou très mal, dans le Code des Assurances». Et de noter également que d’autres investissements comme dans les marchés émergents ne sont pas non plus autorisés, car hors zone euro «La recherche de rendement est très pénalisée par la réglementation», a reconnu l’intéressé. Pour servir un taux de rendement qui se présente comme l’un des meilleurs du marché, a rappelé Eric Dubos, la MACSF restera cette année encore sur des titres corporate et sur certains emprunts d’Etat.Pour sa part, Laurent Degioanni a rappelé s'être intéressé au private equity, et aux infrastructures. Mais lui aussi a enfoncé le clou en relevant que le Code des Assurances n’est pas très clair en la matière… «Nous sommes dans un Rubik’s Cube compliqué», a lancé le responsable pour imager ses propos.Cela posé, existe-t-il des opportunités sur le marché obligataire ? A cette question Eric Dubos a répondu par l’affirmative, tout en mettant en garde immédiatement sur la course au rendement que l’on pourrait être tenté de suivre. «Nous restons dans le cadre de l’assurance vie», a-t-il insisté, «et, dans une période de taux bas, il faut s’attendre à avoir des rendements du même ordre…"Enfin, après avoir fait part de ses préoccupations sur l'évolution de l'économie, notamment européenne «qui n’a jamais été aussi proche d’une ‘japanisation’», Laurent Degioanni a cependant voulu retenir quelques «lumières» liées à des avancées dans des domaines comme la technologie via la robotique ou la santé. En attendant, dans un contexte peu séduisant, la chance pour les assureurs est de pouvoir porter les obligations jusqu'à leur échéance. «D’ici là, on peut espérer que la situation se sera améliorée», ont conclu les deux directeurs.