Une réunion a été organisée hier conjointement par l’Association française de la gestion financière (AFG) et l’Association française des investisseurs institutionnels (Af2i) pour faire le point un an après la publication de la charte SGP investisseur de décembre 2011. Comme tout texte, cette charte a manifestement besoin d’un sérieux toilettage, si l’on en juge par les propos des participants et d’Eric Pinon, président de la commission des sociétés de gestion entrepreneuriales de l’AFG.Autant la question du ratio d’emprise ne paraît pas préoccuper les spécialistes, autant il semble judicieux de se focaliser sur les véritables risques opérationnels, sachant qu’en fait le risque de non représentation des actifs n’est pas lié à la société de gestion, mais au dépositaire, comme l’a rappelé Thibaut Sybillin, sélectionneur des sociétés de gestion à l’ERAFP (Etablissement de la retraite additionnelle de la fonction publique). Et, souligne Jean-Claude Guimiot (Agrica Epargne), il importerait d'élargir la charte à d’autres acteurs que les seuls institutionnels et sociétés de gestion. En tout état de cause, il importe de promouvoir des engagements de bons sens régissant les relations humaines et fixant des critères comportementaux.Cyril Julliard, PDG du multigestionnaire alternatif ERAAM, a pour sa part insisté sur deux points majeurs. D’une part l’avantage de travailler avec les investisseurs institutionnels dans une relation de partenariat (comme le fait ERAAM, qui est obligé de co-investir avec CalPERS, qui lui a confié 300 millions de dollars), pour bien aligner les intérêts, et d’autre part, dans la même veine, de fournir une totale transparence des sous-jacents et de limiter les frais.Michel Piermay, président du consultant Fixage SA, a mis en évidence que malgré la charte, le taux de non-respect du mandat par les gestionnaires augmente, soit pour des raisons informatiques, soit à cause d’une «saucissonnage» des responsabilités, soit en raison de contrôles en fonction de textes incomplets. En fait, souligne-t-il, le risque ne se contrôle pas par des procédures et de toutes façons les risques sont mesurés sur le passé, par sur l’avenir. De plus, Michel Piermay a mis en exergue le défaut bien français de vouloir à tout prix préserver les petits acteurs : il faut certes encourager les petites sociétés de gestion, «mais uniquement les bonnes. Il ne faut pas maintenir artificiellement en vie les mauvaises».Jean Eyraud, président de l’Af2i, a remarqué pour sa part qu’on «parle trop de risques et pas assez d’opportunités». Il a annoncé que l’Association prépare un mandat-type dans le cadre de la charte, mais Jean-Claude Guimiot, qui est président du groupe de travail Af2i/AFG estime que cela prendra encore un an. Il y aura auparavant la publication d’un guide sur les mandats et les OPCVM dédiés. Il ne faudra pas sous-estimer les problèmes juridiques, et faire valider le mandat-type risque d'être ardu, chacun ayant ses préoccupations propres.Sur ce point, Michel Piermay a souligné que, selon son expérience, ce sont les sociétés de gestion qui ont tendance à imposer leur propre mandat-type, dont la finalité principale est de les protéger contre leur client. De fait, souligne le consultant, il n’est peut être pas raisonnable de songer à un mandat type, vu la diversité des intérêts en jeu de part et d’autre.