Martin Kolrep, gérant de portefeuille senior dans l'équipe global strategies d’Invesco basé à Francfort, a reçu début juillet le prix amLeague pour le mandat actions-Europe fully invested. Lors d’un de ses passages à Paris, Newsmanagers l’a interrogé sur l’approche réputée quantitative qui caractérise l’Invesco Pan European Structured Equity Fund, un fonds de droit luxembourgeois, affiche un encours de 1,6 milliard d’euros, grâce notamment à 400 millions de souscriptions nettes depuis le début de l’année."Je préfère nettement l’appellation «systématique» à celle de «quantitatif» pour qualifier notre mode de gestion. Car nous analysons de manière systématique, et selon la même approche, toutes les données fondamentales propres à chaque titre. Nous ne rendons pas visite aux entreprises, nous n’utilisons que les chiffres et, à la différence des autres gestionnaires, nous n’avons pas d’objectif de cours. Dans le cadre de la mise en œuvre active de notre stratégie, nous choisissons des actions attrayantes à faible volatilité auxquelles nous adjoignons de manière sélective des «opportunités» à plus forte volatilité. Nous effectuons une prévision de rendement du titre choisi à l’échelon du portefeuille tout entier, avec son rapport rendement/risque, ce qui permet d’obtenir une diversification. Le portefeuille comporte environ 90 lignes sur un univers de 500 valeurs, et nous optimisons ce portefeuille une fois par mois», indique Martin Kolrep.Le gérant de portefeuille explique que, pour la sélection de valeurs, l'équipe d’Invesco analyse chaque titre sous quatre aspects différents.Pour le momentum des résultats, nous suivons de près les révisions des bénéfices. Les analystes ont tendance à être tous dans le même sens, avec des révisions de plus en plus fortes. Pour nous, dès que cette progression s’arrête, cela signifie que la performance n’est plus intéressante.En ce qui concerne par ailleurs la tendance du cours, il s’avère que les investisseurs ont tendance à vendre trop tôt les bons titres, et inversement. C’est la dimension comportementale du processus. L'équipe vend les titres qui performent mal et qui sont survalorisés, tout en gardant ceux qui performent bien. En cas de doute, nous prenons en compte la valeur qui affiche la volatilité la plus basse.Troisième aspect : l’activité du management. «C’est une spécialité de notre équipe et elle est rare chez les gérants quantitatifs. Nous surveillons l’allocation de capital en favorisant les émetteurs qui rachètent leurs titres, qui réduisent leur endettement et qui servent des dividendes. Toujours dans ce domaine, nous nous focalisons sur la qualité du bénéfice. Quelle partie de ce bénéfice provient effectivement de flux de trésorerie ? Il faut que nous puissions juger que ce ratio est effectivement sain», indique le gérant de portefeuille.Enfin, le quatrième aspect est celui de la valeur relative. Les valorisations sont-elles attrayantes? «Nous n’utilisons pas la référence à la valeur comptable mais le rendement des flux de trésorerie, et nous établissons notre prévision de rendement».Au terme de tout ce processus, l'équipe passe sa sélection à l’optimiseur et tient compte des frais de transaction pour savoir si l’opération envisagée en vaut vraiment la peine. Elle parachève l’exercice de sélection en se conformant à ses contraintes de portefeuille : 2 % par valeur et 25 % par secteur. «Nous sommes en permanence investis à 100 %. Nos bons résultats s’expliquent aussi peut-être par le fait que seules 25 % de nos valeurs figurent dans l’indice de référence (MSCI Europe), ce qui signifie donc que 75 % n’y sont pas. Notre gestion s’opère dans une optique de performance absolue et nous choisissons des actions de sociétés dont la capitalisation est au minimum d’un milliard d’euros», conclut Martin Kolrep.