La productivité du travail a chuté aux États-Unis au deuxième trimestre 2022 à son rythme annuel le plus rapide depuis 1948. La productivité non agricole, qui mesure la production horaire par travailleur, a chuté de 2,5 % d’un an sur l’autre, selon les données publiées mardi par le département du Travail. Elle a diminué en rythme trimestriel à un taux annualisé de 4,6 %, après avoir baissé de 7,4 % au cours des trois premiers mois de l’année. Le département américain du travail publie aussi une accélération des coûts unitaires du travail, suggérant que les pressions salariales contribueront à maintenir l’inflation à un niveau élevé. Ces coûts ont augmenté à un taux de 10,8 %, après 12,7 % au premier trimestre. Ils ont augmenté à un taux de 9,5 % par rapport à il y a un an.
Les ménages américains sont moins pessimistes sur les perspectives d’inflation à moyen terme aux Etats-Unis. Selon la dernière enquête mensuelle de la Réserve fédérale de New York, les anticipations d’inflation des consommateurs dans les trois années à venir sont tombées à 3,2% en juillet contre 3,6% en juin. Il s’agit de la deuxième baisse consécutive. Les attentes pour l’année à venir reculent également à 6,2% contre 6,8%. En attendant, l’inflation pour le mois de juillet aux Etats-Unis sera très suivie par les investisseurs ce mercredi. Le consensus des économistes anticipe 8,7% après 9,1% en juin pour l’inflation totale. L’inflation core, la plus surveillée, pourrait avoir progressé à 6,1%.
Le marché du travail aux Etats-Unis a retrouvé ses niveaux d’avant la crise sanitaire, le rythme des créations d’emplois ayant accéléré et le taux de chômage étant tombé à 3,5% en juillet. La vigueur de l’emploi outre-Atlantique, dans un contexte de forte inflation, conforte l’hypothèse d’une nouvelle hausse marquée des taux de la Réserve fédérale (Fed) en septembre.
Le taux moyen des prêts hypothécaires à 30 ans est tombé à 4,99 % au cours de la semaine du 4 août aux Etats-Unis, selon le groupe de refinancement hypothécaire Freddie Mac. Il s’agit du taux le plus bas depuis la première semaine d’avril, où il atteignait 4,72%. Freddie Mac remarque que les pressions inflationnistes et le ralentissement de la croissance ont contribué à la volatilité de ces taux, qui ont atteint un pic de 5,81% dans la semaine du 23 juin avant de diminuer.
La croissance de l’activité dans les services aux Etats-Unis a accéléré en juillet, selon l’enquête mensuelle de l’Institute for Supply Management (ISM) publiée mercredi. L’indice ISM du secteur est ressorti en hausse à 56,7 contre 55,3 le mois précédent, supérieur aux attentes des économistes et après trois mois de baisse. L’activité dans les services est portée par une hausse des dépenses dans ce secteur au détriment des achats de biens. L’enquête note par ailleurs de moindres difficultés d’approvisionnement et une accalmie du côté des prix contribuant à une accélération de la croissance des commandes. La zone euro ne connaît pas la même fortune. Si l’activité continue de croître, elle a nettement ralenti le mois dernier. L’indice PMI des services a atteint 51,2 contre 53 en juin. Bien que la hausse des prix se soit calmée, elle est restée forte, et l’indice des nouvelles commandes est passé de 50 à 47,6, un plus bas depuis novembre 2020.
La dette des ménages américains a atteint un record de 16.150 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022, selon le rapport trimestriel publié mardi par la Réserve fédérale de New York. Leur dette est désormais supérieure de plus de 2.000 milliards à ce qu’elle était au quatrième trimestre 2019. La dette hypothécaire s'élevait à 11.390 milliards fin juin, les nouveaux prêts ayant augmenté de 7 % au deuxième trimestre. Les soldes des cartes de crédit ont augmenté de 46 milliards, parmi les plus importants observés par la Fed depuis 1999, tandis que les prêts automobiles ont progressé de 33 milliards à 199 milliards de dollars, reflétant des montants d’emprunts plus élevés. Les défauts de paiement sur les cartes de crédit et les prêts automobiles ont fortement augmenté dans les zones à faible revenu.
Le nombre d’offres d’emploi aux États-Unis a chuté en juin de 605.000 par rapport au mois précédent à 10,7 millions, selon les données publiées mardi par le bureau américain des statistiques sur le marché du travail, un chiffre inférieur aux attentes des économistes (11 millions). Il s’agit du plus bas niveau en neuf mois et de la troisième baisse consécutive des offres d’emploi après un niveau record en mars. Les plus fortes baisses ont été observées dans le commerce de détail (-343.000), le commerce de gros (-82.000) et l'éducation (-62.000). Dans le même temps, quelque 4,2 millions d’américains ont quitté leur emploi en mai, le taux de démission étant inchangé à 2,8 %.
Les dépenses de consommation (PCE), qui représentent plus des deux tiers de l’activité aux Etats-Unis, ont augmenté de 1,1% et donc plus que prévu en juin, selon le rapport ad hoc du Département du Commerce (US Bureau of Economic Analysis, BEA). Mais le chiffre nominal est trompeur puisque l’inflation correspondante au PCE a encore augmenté en juin, de 1% sur un mois, soit la plus forte hausse enregistrée depuis septembre 2005, après un gain de 0,6% en mai. Le gain réel est donc très marginal. L’indice des prix PCE annualisé ressort ainsi à 6,8% en juin, après 6,3% en mai et 6,6% en mars. Très suivi par la Fed, l’indice PCE core (inflation sous-jacente hors énergie et alimentation) atteint 4,8% en juin, après 4,7% en mai et 5,3% en février alors que le mouvement de baisse sur trois mois laissait penser que le pic était passé.
L’économie américaine a reculé de 0,9% en rythme trimestriel annualisé au deuxième trimestre 2022, après une baisse de 1,6% au premier trimestre selon le Département du commerce (US Bureau of Economics Analysis), alors que les consensus s’attendaient à une croissance de 0,5%. Les stocks et les investissements des entreprises (-13,5%) ont été les principaux freins. L’investissement résidentiel a chuté de 14%, le bâtiment de 11,7%, et l’équipement de 2,7%. Les dépenses en biens de consommation (-4,4%) et la dépense publique (-1,9%) aussi, à la différence des dépenses de services (+4,1%). Le commerce net apporte une contribution positive pour la première fois en deux ans, avec +18% d’exportations (biens industriels, matériaux, voyages) également tirées par la hausse du dollar.
Le Sénat américain a approuvé mercredi un projet de loi destiné à subventionner massivement l’industrie des semi-conducteurs, avec l’espoir de permettre aux entreprises américaines de rivaliser avec la Chine et d’atténuer la pénurie récurrente de puces qui a affecté nombre de secteurs, comme l’automobile. Le texte prévoit environ 52 milliards de dollars d’aides pour la fabrication de semi-conducteurs aux Etats-Unis, ainsi qu’un crédit d’impôt de 24 milliards pour l’investissement dans les usines. Il autorise l’allocation, via des textes distincts à venir pour sa mise en œuvre, de plus de 170 milliards sur cinq ans pour aider la recherche scientifique américaine sur ce secteur. La Chambre des représentants devrait voter le texte cette semaine afin de le transmettre au président Joe Biden pour promulgation.
Les inscriptions au chômage hebdomadaires ont encore augmenté aux Etats-Unis au 16 juillet pour la troisième semaine consécutive, à 251.000 après 244.000, a annoncé jeudi le Département du Travail. Il s’agit d’un plus haut depuis huit mois, avec une moyenne mobile sur quatre semaines qui s’établit désormais à 240.500 unités. Le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités s’est élevé à 1,384 million lors de la semaine au 9 juillet, après 1,333 million (révisé) la semaine précédente.
Les demandes de prêts hypothécaires hebdomadaires ont chuté de 6,3% le 15 juillet aux Etats-Unis, une troisième baisse consécutive qui porte le niveau absolu à un plus bas depuis 2000. Le mouvement découle d’une baisse de 7,3% sur le financement et de 4,3% sur le refinancement. Parallèlement, le taux moyen d’un prêt hypothécaire à taux fixe de 30 ans a augmenté de 8 pb à 5,82%, indique l’Association des prêteurs immobiliers (MBA). «L’activité d’achat a diminué pour les prêts conventionnels et garantis par les agences fédérales, car l’affaiblissement des perspectives économiques, la forte inflation et les problèmes persistants d’accessibilité ont un impact sur la demande des acheteurs», a confirmé Joel Kan, économiste de la MBA.
Les probabilités de récession continuent d’augmenter avec les données sur l’emploi américain et l’inflation encore élevée, estime le stratégiste de Morgan Stanley, Michael J. Wilson : «Le rallye à contre-tendance peut se poursuivre, mais nous ne pensons pas que le marché baissier soit terminé, même si nous évitons une récession, indique une de ses notes pessimistes. La combinaison de pressions sur la main d’œuvre, les matières premières, les stocks et les coûts de transport, associée à une décélération de la demande, pose un risque pour les marges qui ne se reflète pas dans les consensus.» D’autres stratégistes chez Goldman Sachs et JPMorgan s’attendent aussi à ce que la faiblesse des perspectives macro menace la rentabilité des entreprises et les bénéfices cet été.
Les Etats-Unis veulent mettre fin à leur «dépendance excessive» à l’égard des terres rares, des panneaux solaires et autres produits clés provenant de Chine, afin d’éviter que Pékin ne coupe ses approvisionnements comme elle l’a déjà fait avec d’autres pays, a déclaré la secrétaire au Trésor américaine. Arrivée à Séoul lundi, Janet Yellen a déclaré à Reuters, avant une visite de l’entreprise LG, qu’elle encourageait le renforcement des liens commerciaux avec la Corée du Sud et d’autres alliés de confiance afin d’améliorer la résilience des chaînes d’approvisionnement et d’éviter d’éventuelles manipulations géopolitiques. La secrétaire au Trésor va plaider en faveur d’une diversification des chaînes d’approvisionnement américaines, ce qui permettrait de lutter également contre l’inflation.
L’indice de confiance des constructeurs immobiliers américains NAHB/Wells Fargo Housing Market Index (HMI) a encore plongé pour un septième mois consécutif pour atteindre un niveau de 55 points en juillet, soit un plus bas depuis mai 2020, après 67 points en juin. Un chiffre également bien inférieur aux prévisions de 65 points, signe d’un marché du logement en baisse car les hausses simultanées des prix et des taux d’intérêt pèsent sur l’accessibilité des ménages à la propriété. Le sous-indice des ventes actuelles a chuté de 76 à 64 points, celui mesurant les ventes attendues au cours des six prochains mois de 74 à 63 points, et celui sur les visites des acheteurs potentiels également de 48 à 37 points. «Les goulots d’étranglement de la production, la hausse des coûts de construction de maisons et la forte inflation poussent de nombreux constructeurs à interrompre la construction car le coût du terrain, de la construction et du financement dépassent la valeur marchande de la maison. Dans un autre signe d’un ralentissement du marché, 13% des constructeurs de l’enquête HMI ont déclaré avoir réduit les prix des maisons au cours du mois dernier pour soutenir les ventes et/ou limiter les annulations», a déclaré le président de la NAHB, Jerry Konter.