La Fédération européenne des conseils et intermédiaires financiers (FECIF) organisait une conférence à Bruxelles le mercredi 17 octobre dont L’Agefi était partenaire. L'événement portait entre autres sur les nouvelles réglementations (Mifid 2, DDA, Priips) et la question du produit pan-européen d'épargne-retraite individuelle (PEPP). Après une introduction sur l’organisation par son président David Charlet, Johannes Muschik, président de l’AFPA (association des professionnels autrichiens de la finance et de l’assurance) et ex-président de la FECIF, et Vania Franceschelli, dirigeante de l’ANASF (association des conseillers financiers italiens) ont expliqué les effets tant bénéfiques, notamment les améliorations en matière de protection de l’investisseur et de la qualité du conseil donné aux clients, que négatifs portés par les nouvelles réglementations. Johannes Muschik a par exemple déploré la consolidation massive du secteur, soulignant la réduction drastique du nombre de conseillers en investissements financiers en Autriche qui devrait selon lui se poursuivre en partie en raison des nouvelles directives en vigueur. Aussi a-t-il expliqué que les clients ne lisaient pas les masses de documents produites dans le cadre de Mifid 2 avant de les signer et qu’elles ne constituaient au final qu’une protection pour les intermédiaires financiers face aux directives. Diego Valiante, économiste senior à la commission européenne (DG Financial Stability, Financial Services and Capital Markets Union), était aussi présent pour répondre aux questions de l’audience. Il a rappelé que les instances européennes n’étaient pas campées sur leurs positions quant à l’évolution des récentes réglementations et que des ajustements peuvent être considérés. Diego Valiante a ajouté qu’elles n'étaient également pas autorité pour dire aux investisseurs le degré de risque à prendre dans leurs investissements. L’officiel de la commission européenne a considéré que « moins de produits financiers était une bonne chose mais que le plus important demeure de meilleurs produits pour les investisseurs. » En outre, il a admis que Bruxelles avait un rôle à jouer dans l’éducation financière des particuliers, une notion souvent abordée au cours de la conférence de la Fecif. BrexitAutre invité à l'événement de la Fecif, Markus Ferber, député européen allemand et membre de la commission des affaires économiques et monétaires, qui a donné sa vision du Brexit. D’après le parlementaire, il n’existe aucune raison valable pour que le Royaume-Uni bénéficie d’une équivalence au passeport des fonds et à l’accès au marché unique pour les services financiers au-delà de la période de transition du Brexit, qui devrait s'étendre jusqu’en 2021. « Nous n’avons pas de ‘blueprint’ (plan détaillé) pour les services financiers. Cela prendra du temps de négocier les accords dans tous les secteurs. Le principe d’une équivalence, telle que voulue par le Royaume-Uni, signifie aussi pour que sa réglementation post-Brexit ne pourra pas beaucoup s'éloigner de la réglementation européenne, » a-t-il dit, précisant que la réglementation sur les chambres de compensation dans l’environnement post-Brexit restait un point important à revoir mais que le processus de réexamination étant lent, elle ne le serait qu’au cours des cinq prochaines années. S’en est suivi une passe d’armes entre Markus Ferber et un participant britannique de la conférence taclant une Europe qui « rejette en bloc toutes les propositions effectuées par le Royaume-Uni ». « Le Royaume-Uni n’obtiendra certainement pas un accord sur une équivalence à mi-chemin entre le libre-échange et le marché unique. C’est soit l’un soit l’autre, pas quelque chose au milieu. L’Union Européenne ne sera pas perdante, ce qui ne sera pas le cas du Royaume-Uni. Dans un monde qui se complexifie de plus en plus, vous allez avoir besoin de beaucoup d’amis et je vous souhaite bonne chance », lui a rétorqué Markus Ferber. S’exprimant sur la réglementation financière, le parlementaire a admis que le document d’informations clefs pour les investisseurs de Priips pouvait créer la confusion auprès des clients particuliers. « Ce problème doit être résolu de façon rapide. Le DICI de Priips ne doit pas remplacer le DICI prévu dans le cadre de la directive Ucits tant qu’il ne remplit pas les critères requis pour le faire », a déclaré Markus Ferber. PEPP Un deuxième débat s’est porté sur le produit d’épargne-retraite pan-européen. Pour Guillaume Prache, directeur exécutif de Better Finance, les régulateurs locaux devront accepter « certaines choses » si ce produit transfrontalier est mis en place. Un autre challenge selon Simon Colboc, secrétaire général de Fepi (Fecif European Pension Institute), porte sur la taxation du produit qui devra être avantageux d’un point de vue fiscal. Des incitations devront être mises en place pour assurer le succès du PEPP selon le panel, qui accueillait également Marta Gellova, présidente de l’association européenne des planificateurs financiers pour la République Tchèque. Guillaume Prache ainsi que Daphné Foulkes, présidente de Fepi, ont soulevé les inconvénients de l’option par défaut contenue dans le PEPP. « Le capital garanti par l’option par défaut est insuffisant et ne prend en compte ni les coûts rencontrés lors de la phase d’accumulation de l’épargne ni l’inflation. Et les particuliers doivent comprendre les classes d’actifs dans lesquels ils vont être investi, » a-t-elle commenté.FintechLa fintech était également à l’honneur lors de la conférence de la Fecif avec les points de vue de Tero Weckroth, président d’Invesdor et Brice Pineau, directeur général d’Harvest.Une étude menée par la Fecif a conclu que les normes prudentielles, les procédures de protection de données (telles que RGPD), les règles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent formaient les principaux obstacles réglementaires au développement de la fintech en Europe.Le sondage montre que dans la plupart des pays de l’UE, les fintechs restent pour l’instant cantonnées aux services de paiement et aux assurances et que dans certains pays, notamment en France, les fintechs ont tendance à enfreindre la loi.