La France fait partie des pays de l’Union souffrant de déséquilibres macroéconomiques, selon une étude approfondie de la Commission européenne publiée le 10 avril, qui souligne sa perte de parts de marchés à l’exportation et un endettement public élevé.La Commission européenne a publié des rapports approfondis concernant 13 pays de l’Union déjà identifiés en novembre. Deux d’entre eux, l’Espagne et la Slovénie, souffrent de déséquilibres macroéconomiques jugés excessifs. Les onze autres, dont la France, le Royaume-Uni, l’Italie, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas, ont des déséquilibres qui ne sont pas jugés excessifs à ce stade, mais il leur est néanmoins demandé de prendre des mesures pour les corriger. La Commission fera des recommandations ciblées pays par pays le 29 mai.Elle note pour la France, dans un document d’une cinquantaine de pages, que «la perte rapide de parts de marchés ces dernières années s’est traduite par un déficit accru des comptes courants». La balance des comptes courants, qui connaissait encore un excédent correspondant à 3,1% du PIB en 1999, a atteint un déficit équivalent à 2,2% du PIB en 2011. C’est la balance des échanges de biens qui est la principale responsable de cette détérioration, souligne la Commission, qui rappelle que les parts de marché de la France à l’exportation «ont diminué de 19,4% entre 2005 et 2010, soit l’une des chutes les plus importantes observées dans l’Union».A l’origine de cette évolution, la Commission met en avant une détérioration de la compétitivité-coûts de la France, liée à des salaires qui ont progressé plus vite que la productivité. Mais «la plus grande part de cette détérioration vient d’une compétitivité hors-coûts insuffisante», en particulier «un manque relatif d’innovation dans le secteur privé par rapport aux principaux concurrents de la France», et «un nombre limité d’entreprises exportatrices».L’autre problème identifié est celui du poids de la dette publique, qui «menace la soutenabilité des finances publiques». En effet, elle «implique inévitablement le paiement d’intérêts élevés, soit au détriment de dépenses plus utiles pour améliorer la croissance, soit au prix de rentrées d’argent supplémentaires, dans un pays où le poids de la fiscalité est déjà important».En conclusion, «la France fait face à des déséquilibres macroéconomiques sérieux, qui ne sont pas excessifs mais doivent être jugulés», souligne la Commission, qui plaide pour des mesures capables d’améliorer la rentabilité des entreprises en réduisant leurs coûts, et pour que l’accent soit mis sur la recherche et développement et sur l’innovation.