Sur fond de tensions commerciales persistantes entre les Etats-Unis et la Chine, les investisseurs semblent avoir renoncé dans l’immédiat aux actions européennes alors qu’ils ne réduisent qu'à la marge leur exposition aux actions émergentes. Côté européen, les sujets d’inquiétude sont il est vrai multiples : outre les tensions avec l’administration américaine, les investisseurs sont également préoccupés par le calendrier de la Banque centrale européenne relatif à la normalisation de sa politique monétaire, le calendrier et les modalités de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne ainsi que la rhétorique populiste du gouvernement italien. Autant de facteurs qui ont contribué à des sorties nettes de 1,1 milliard de dollars pour les fonds d’actions européennes durant la semaine au 22 août, selon l'étude hebdomadaire de Bank of America Merrill Lynch sur les flux mondiaux des fonds. Une 24ème semaine consécutive de flux nets négatifs qui marque la méfiance des investisseurs vis-à-vis de l’Europe. Les analystes de BofA Merrill Lynch relèvent d’ailleurs que cette évolution ressemble à une capitulation de la part des investisseurs dans la mesure où les 51 milliards de dollars investis dans les actions européennes entre 2016 et 2018 sont sortis des fonds depuis mars dernier. Du côté des actions émergentes en revanche, la crise turque n’a manifestement pas émoussé l’intérêt pour les fonds d’actions de la zone qui ont subi des dégagements limités durant la semaine écoulée, de seulement 0,1 milliard de dollars, selon l'étude de BofA Merrill Lynch qui reprend des données du spécialiste des flux dans le monde EPFR Global. Les fonds spécialisés sur les actions chinoises ont d’ailleurs affiché des flux nets entrants de plus de 1 milliard de dollars, les plus élevés des trois dernières semaines. Et les fonds d’actions turques ont affiché une 18ème semaine de collecte sur les vingt dernières. Les fonds d’obligations émergentes ont toutefois subi des sorties nettes de 1,6 milliard de dollars, les plus importantes des huit dernières semaines. Mais les analystes de BofA Merrill Lynch remarquent que moins de 20% des flux entrants enregistrés entre 2016 et 2018 sont sortis des fonds durant les quatre derniers mois. Toutes zones géographiques confondues, les fonds dédiés aux actions ont affiché des entrées nettes de 2,6 milliards de dollars. Les fonds d’actions américaines ont attiré un peu plus de 4 milliards de dollars tandis que les fonds d’actions japonaises engrangeaient seulement 0,2 milliard de dollars. L’analyse sectorielle montre que la dynamique d’investissement dans les valeurs technologiques semble s’essouffler. Après avoir enregistré une collecte cumulée de 22 milliards de dollars depuis le début de l’année, les fonds techno ont attiré un très modeste flux entrant de 0,1 milliard de dollars durant la semaine écoulée. Du côté obligataire, la semaine s’est soldée par des sorties nettes de 0,5 milliard de dollars. Les fonds d’obligations high yield ont subi des sorties nettes de 0,7 milliard de dollars tandis que les fonds d’obligations en catégorie d’investissement affichaient des entrées nettes pour un modeste montant de 0,6 milliard de dollars. Les fonds d’obligations européennes ont de leur côté enregistré des sorties nettes de plus de 1 milliard de dollars pour la deuxième semaine consécutive. A noter enfin que les fonds dédiés à l’or ont terminé la semaine sur des sorties nettes de 1,2 milliard de dollars, les plus importantes depuis décembre 2016. Au cours des quatre derniers mois, le prix de l’or a chuté de 15% et les flux sortants totalisent 7 milliards de dollars sur les trois derniers mois.