
Le marché français des forêts se rétablit progressivement

Avec 101.600 hectares échangés, le marché des forêts s’est ressaisi en 2010 après avoir subi fortement les soubresauts de la crise en 2009. L’activité progresse donc sur un an de 9,4% en surface et de 11,1% en valeur, mais se situe bien en retrait de ses performances 2008.
Sur deux ans, le marché affiche une baisse de 13,9% et de 29,3% respectivement en termes de surface et de valeur.
Léger retour des grandes surfaces sur le marché.
Si elles demeurent en repli de 4,4% par rapport à 2008, les transactions sur le marché des forêts supérieures ou égales à un hectare (ha) ont augmenté de 4,1% en 2010 par rapport à 2009, représentant 13.600 mutations. Ce regain d’activité s’accompagne d’une hausse de 9,4% des surfaces forestières échangées, marquant le retour progressif sur le devant de la scène des grands massifs, particulièrement touchés par la contraction du marché en 2009.
Si, en nombre, les biens dont la superficie est supérieure à 50 hectares ne concernent que 279 transactions sur les 13.600 enregistrées en 2010, en surface, ils représentent 39.400 ha sur les 101.600 ha cédés sur l’année, soit une augmentation de 12,9% par rapport à l’année 2009 et une part de marché de 38,8%, contre 37,6% en 2009 et 46,3% en 2008. Sur une période biennale en revanche, le marché des forêts de plus de 50 ha connaît toujours une baisse de 32% entre 2007-2008 et 2009-2010, passant de 110.7000 ha à 74.300 ha.
Une valeur de marché stimulée par les ventes de biens bâtis.
En valeur, les biens vendus en 2010 s’élèvent à 957 millions d’euros, un montant en progression de 11,1% après un fléchissement de près de 30% en 2009. Cette forte chute observée il y a deux ans s’explique en partie par une valeur du marché en 2008 «qui avait atteint des sommets en raison notamment de la vente de cinq biens bâtis (biens composés d’un bâtiment et d’une forêt, NDLR) exceptionnels de plus de 100ha qui avaient concentré 43% des flux financiers du segment des biens forestiers bâtis», explique la Société Forestière, filiale de la Caisse des Dépôts spécialiste de l’investissement forestier.
En 2010, les biens bâtis ont enregistré des hausses plus importantes que les biens non bâtis: +15% contre +2% en nombre de ventes, +18% contre +7% en superficie et +13% contre +9% en prix. «Déjà en 2009, les biens bâtis avaient mieux résisté à la contraction du marché, reculant dans des proportions deux fois moins grandes que les biens non bâtis», note l’étude de Terre d’Europe-Scafr. Sur les 13.600 transactions réalisées en 2010, 10.810 ont concerné les biens non bâtis et 2.790 des biens bâtis soit 20% des opérations et 26% des échanges en surface mais 60% du marché en valeur.
Pour le seul marché des biens forestiers, c’est-à-dire les lots totalement boisés dont la superficie en forêt est supérieure à 80% à l’inverse des biens mixtes, les biens bâtis représentent 9% de transactions en nombre, 18% en surface et 50% en valeur. Ce constat démontre la survalorisation dont bénéficie le bien bâti. En effet, ce dernier atteint généralement une valeur supérieure à la somme des prix des deux composants considérés séparément. Cette différence liée à l’association d’un bâtiment et d’une forêt traduit l’importance accordée au cadre de vie entourant le bien bâti. En 2010, la survaleur est estimée à 32% de la valeur moyenne des biens forestiers bâtis.
Des prix relativement stables pour les biens non bâtis.
Si l’on ne considère que les biens non bâtis, majoritaires en surface et en nombre, l’indice d’évolution du prix moyen biennal des forêts diminue pour la deuxième année consécutive. Il passe de 188,9sur la période 2008-2009 à 185,6sur 2009-2010, affichant une baisse de 1,8%. Cependant, c’est sur un second indice (lire l’encadré) qui permet de s’affranchir de la spécificité du marché des forêts du pourtour méditerranéen(1) que Terres d’Europe-Scafr, le bureau d’études des Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural), communique.
De son côté, cet indice, après avoir connu de fortes augmentations de 2001 à 2008, progresse très faiblement depuis deux ans, de 0,4% en 2010 et de 0,9% en 2009. Toutefois, si le prix moyen biennal reste stable, l’écart entre les prix minimaux (2) (760 euros/ha en 2008-2009 et 790 euros/ha en 2009-2010) et maximaux (8.330 euros/ha en 2009-2010 et 7.720 euros/ha en 2008-2009) ne cesse de croître depuis dix ans. A ce jour, les prix minimaux sont 10,4fois moins élevés que les prix maximaux. Cette amplitude s’explique par des facteurs tels que la nature des peuplements, la valeur cynégétique (liée à la chasse), la valorisation résidentielle et les perspectives de changement d’usage.
Hors pourtour méditerranéen, le prix moyen brut d’un hectare de forêt non bâtie s’établit en 2010 à 4.950 euros.
La valeur des forêts corrélée au prix du bois et de la terre agricole.
Bien que moins notable que sur la période 1970-1998, l’influence du prix du bois et des terres agricoles sur la valeur des forêts échangées semble toujours exister. En 2010, le prix biennal du bois poursuit sa baisse initiée en 2009 et celui les terres agricoles enregistre un regain d’activité après une baisse de 1,6% un an auparavant. En parallèle, le prix des forêts s’est stabilisé depuis deux ans pendant que sur la période 2005 à 2007, alors que le prix du bois augmentait de 55%, celui des forêts s’appréciaient de 13,7%.
Toutefois, la Fédération nationale des Saferrappelle que, depuis 2009, le prix des forêts paraît «se maintenir au-dessus des valeurs modélisées»et évoque deux raisons au soutien des prix: la fermeture du marché en 2009, les vendeurs refusant de brader leur patrimoine, et le statut de valeur refuge de la forêt. A noter que «le prix des petites parcelles est davantage influencé par le prix de terres agricoles (NDLR: elles-mêmes dépendantes de l’évolution des taux d’intérêt réels et de la valeur ajoutée agricole)que les grandes surfaces, conditionnées à l’évolution de la valeur du bois », explique Robert Leveque, directeur des études de Terre d’Europe-Scafr.
Autre corrélation relevée mais peu perceptible, celle entre l’évolution des surfaces échangées et le prix du bois. Si l’affirmation n’a pas toujours été vérifiée, notamment entre 2000 et 2005, en règle générale, «le marché se ferme lorsque le prix du bois recule»(voir le graphique).
Les personnes morales privées en tête des acquéreurs.
Plus de 80% de la surface forestière privée (qui représente elle-même 74% de la surface totale de la propriété forestière française, soit 10,9 millions d’hectares) est détenue en France par des personnes physiques. Bien que les personnes morales, principalement des groupements forestiers, soient minoritaires et qu’elles aient diminué leurs acquisitions de 16,3% entre 2007-2008 et 2009-2010, elles occupent une place non négligeable sur le marché. En réduisant fortement leurs ventes (20.900 ha en 2010, contre 24.500 ha en 2009) tout en augmentant leurs acquisitions (38.300 ha, contre 34.200ha en 2009) ce qui leur permet de disposer de 17.400 hectares supplémentaires à leur actif, elles signent toutefois un retour certain en 2010.
Par ailleurs, pour la deuxième année consécutive, elles dépassent les personnes physiques non agricoles en termes de surfaces acquises (38.300ha, contre 37.300 ha sur un total de 101.600 ha échangés). Ces dernières, depuis trois ans maintenant, vendent davantage qu’elles n’achètent. Bien que les personnes physiques non agricoles restent majoritaires sur le marché, les personnes morales accroissent nettement leur patrimoine, contribuant ainsi à moins de transparence, les projets de vente partielle de parts sociales n’étant pas notifiés par les notaires aux Safer.
Les transactions plus nombreuses dans la moitié nord du pays.
Le Centre, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne et la Franche-Comté sont les régions où les cessions sont les plus nombreuses en surface, plus de 1,2% de la superficie forestière privée en moyenne entre 2008 et 2010, et où les ventes de grands massifs sont les plus importantes.
En France, le marché des forêts de plus de 50 ha se concentre dans les régions Aquitaine, Centre, Bourgogne et au sud de la Champagne-Ardenne, ainsi que dans le Var et quelques départements du pourtour méditerranéen. En 2009-2010, seules les Landes et la Nièvre enregistrent un nombre de transactions supérieures à 30. Ces deux départements, avec le Loir-et-Cher, l’Eure, l’Yonne et la Côte-d’Or, sont des territoires où la surface des acquisitions est supérieure à 3.000 ha.
(1) L’indice hors pourtour méditerranée exclut les transactions dans les régions Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse.
(2) Le prix minimum est constitué des 10% des transactions les moins chères et le prix maximum des 10% des transactions les plus élevées.
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