Apple enclenche la vitesse supérieure dans les services financiers

La firme de Cupertino lance cet automne un service de paiement fractionné (BNPL), concurrençant frontalement les fintechs comme Block ou Affirm.
Capucine Cousin
Apple Card, carte de crédit virtuelle reliée à Apple Pay.
Apple Card, carte de crédit virtuelle reliée à Apple Pay.  -  Crédit Apple.

Apple se lance à son tour dans le grand bain des services en paiement fractionné (BNPL, pour Buy now, Pay later). La firme à la pomme a annoncé lundi, lors de sa conférence annuelle des développeurs (WWDC), le lancement prochain de son service Apple Pay Later. Pour l’instant, cette annonce ne concerne que les personnes résidant aux États-Unis.

Il sera accessible au moyen d’Apple Pay, sa solution de paiement mobile sur iPhone, à partir de cet automne, en même temps que la nouvelle version de son système d’exploitation iOS 16.

Les personnes utilisant le service de paiement Apple Pay pourront effectuer «quatre paiements égaux échelonnés sur six semaines, sans intérêts ni frais supplémentaires», précise Apple dans son communiqué.

Apple Pay Later sera utilisable via Apple Pay, et sera intégré dans son application Wallet, ainsi que dans sa carte de crédit Apple Card. Il sera possible d’utiliser la nouvelle fonctionnalité au sein des applications mobiles et sur le web.

Le service utilisera le réseau Mastercard. Apple n’a pas précisé quelle banque serait responsable des crédits. Mais Goldman Sachs pourrait bien être la banque partenaire : elle s’est déjà associée à Apple pour sa carte de crédit, lancée en 2019 aux Etats-Unis.

Rachat de la fintech Credit Kudos

Le lancement d’un service de paiement différé par le constructeur de l’iPhone n’est qu’une demi-surprise : il cherche à diversifier ses services financiers, pour inciter les utilisateurs de ses appareils à rester captifs de son écosystème, des divertissements au paiement – avec Apple Pay – en passant par les courses en ligne.

En mars dernier, Apple avait mis la main sur Credit Kudos, une fintech britannique d’open banking qui propose des services financiers d’évaluations et de scores de crédit (credit scoring) sur les emprunteurs. Il aurait déboursé 150 millions de dollars, rapportait alors The Block. Credit Kudos utilise l’apprentissage automatique et les données en temps réel pour dresser un tableau plus complet du score de crédit d’une personne.

La firme de Cupertino avait posé un premier jalon important, en 2019, en lançant une carte de crédit, baptisée Apple Card, avec l’appui de Goldman Sachs et de Mastercard, liée elle aussi à son service de paiement Apple Pay. Présentée à l’époque comme utilisable dans le monde entier, elle ne reste pour l’instant disponible qu’aux Etats-Unis.

Avec l’Apple Card, la firme avait effectué une incursion dans les services de crédit : elle permet déjà à ses clients de régler leurs achats de produits Apple en plusieurs fois.

Vents contraires pour les fintechs

Cette nouvelle offensive d’Apple met un coup de pression supplémentaire sur les géants du BNPL. D’ailleurs, mardi, deux d’entre eux, Block (ex-Square) et Affirm Holdings, perdaient respectivement 1,85% et 6% en Bourse, après les annonces d’Apple.

Ces fintechs « sont déjà confrontées à des vents contraires en matière de réglementation, [et] de concurrence, rappelait mardi dans une note David Morris, analyste chez Insider Intelligence. Apple Pay Later rejoint le tout nouveau Tap to Pay sur iPhone, qui permet aux commerçants d’accepter les paiements Apple Pay sur leurs iPhones, et sa carte de crédit Apple Card».

Autre atout pour Apple, la société cible des clients «aux revenus plus élevés et mieux bancarisés, avec plus d’alternatives de crédits que ceux qui se sont tournés vers les offres BNPL d’Affirm et Block», souligne de son côté Morgan Stanley.

Certes, ce segment de paiement a été dopé pendant la pandémie, mais plusieurs acteurs sont déjà scrutés par les régulateurs : en Grande-Bretagne, La Financial Conduct Authority (FCA) prépare une nouvelle réglementation, après avoir demandé en début d’année à quatre acteurs - Clearpay, Laybuy, Openpay et Klarna - de revoir leurs conditions générales de vente. Et aux Etats-Unis, fin 2021, le Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB) a ouvert une enquête sur les risques et bénéfices de ces solutions de paiement, épinglant au passage l’accumulation potentielle de dettes.

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