La BCE étrenne en Espagne son mécanisme de sauvetage bancaire

Philippe Mudry

L’Europe n’avait pas encore mis son tout neuf système de « résolution » à l’épreuve de la déconfiture d’une banque majeure.

C’est chose faite depuis hier en Espagne avec l’adossement de Banco Popular au leader Santander.

Pour les contribuables européens, c’est une nouvelle ère qui commence. En d’autres temps tout proches, ils auraient été à coup sûr sollicités.

Surtout pour un établissement de cette taille : 150 milliards d’euros de total de bilan dont 37 d’actifs douteux résultant de la crise immobilière, et des besoins de capital estimés à quelque 8 milliards.

L’occurrence d’une crise de liquidité a obligé la BCE à déclencher, pour la première fois, le mécanisme de résolution unique dont elle est opératrice.

Il implique que les actionnaires et ceux des créanciers qui jouissaient d’une rémunération élevée en contrepartie d’une protection juridique faible, laisseront à eux tous près de 4 milliards dans l’aventure.

Le reste, c’est Santander qui y pourvoira, en augmentant son capital de 7 milliards.

Car la BCE n’a pu régler le problème, et sauver les contribuables espagnols, que parce qu’elle dispose d’un acteur assez solide pour adosser le malade et assainir du même coup le paysage bancaire national.

Malheureusement, un tel acteur n’existe pas en Italie. Voilà pourquoi Monte dei Paschi di Siena ne progresse vers son salut qu’à tout petits pas sans garantir que les contribuables italiens ne seront pas cette fois sollicités.

Voilà pourquoi deux banques de Vénétie luttent encore pour leur survie avec une lourde ardoise à la clé, 5 milliards.

Tant que ces dossiers ne seront pas soldés, on ne pourra pas dire que la banque européenne aura vraiment tourné la page de la crise financière.

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