
Natixis durcit son plan de départs

Les syndicats de Natixis s’inquiètent des conséquences sociales du projet de délocalisation au Portugal de certaines fonctions support de la banque dont l’informatique. Dans une lettre adressée mardi au ministre de l’Économie et des Finance, Bruno Le Maire, et à la Ministre du Travail, Elisabeth Borne, que L’Agefi a pu consulter, les syndicats estiment que le nombre de postes menacés serait deux fois plus élevé qu’initialement annoncé. Ils calculent que ce projet entraînera la délocalisation à Porto de 430 postes sur les bassins d’emploi parisien et rémois, notamment 209 poste internes et 221 prestataires externes, dans le cadre du plan de départs volontaires (PDV) de la filiale cotée de BPCE, présenté fin janvier.
« Il y a un effet de loupe sur les 245 postes qui ont été annoncés mais cela va bien au-delà », confie un représentant du SNB CFE CGC, ajoutant que la direction n’a pas communiqué sur les postes externes, « mais en réalité les suppressions de postes concerneront aussi les prestataires externes ». La direction a « pour idée de reclasser toutes les personnes internes. Les possibilités de reclassement en interne questionnent et inquiètent l’ensemble des organisations syndicales », regrette-t-il.
Fonctions support touchées
Au final, le PDV comprendrait la suppression de 36 postes dans les dérivés actions et 400 postes dans des fonctions support, de back-office, RH, mais aussi ‘automatisables’. « C’est se couper d’une partie de la base de tous les métiers qui constituent les métiers de la banque, c’est une perte d’identité », regrette la source syndicale.
L’intersyndicale demande aux ministres «de faire arrêter l’hémorragie d’emplois, alors que les résultats des banques sont ceux qui pâtissent le moins de la crise ». « Si un gouvernement ne peut plus s’appuyer sur les entreprises qui marchent, il ne va rester que les entreprises déficitaires en France, ce sera un problème de gouvernance », confie le représentant syndical.
Ces postes s’ajouteraient aux 1.000 précédemment délocalisés au Portugal. Selon les calculs des représentants syndicaux, il n’existerait pas un grand écart entre le Portugal et certaines régions françaises, par exemple « entre les aides que les régions mettent en place pour favoriser la localisation d’entreprises dans leur bassin et les prix des loyers qui ne sont pas les mêmes qu’à Paris. Certes, il y a la question des salaires mais l’un dans l’autre il n’y a pas un écart avec la France ».
D’autres délocalisations ?
Hors du PDV, l’intersyndicale dénonce d’autres pratiques de la filiale de BPCE. Les contrats jeunes sont désormais gérés par les RH de Porto. « Cette gestion de la part de Natixis heurte notre sensibilité car les contrats jeunes font partie de contrats aidés. On veut bien prendre les aides gouvernementales françaises, mais on veut les faire gérer de Porto », regrette la source.
« De l’aveu même de la direction, ce projet sera suivi d’autres délocalisations massives », ajoute le courrier. Les négociations sur le PDV ont démarré le 28 janvier, l’intersyndicale doit remettre son avis d’ici mi-mai à la direction. Elle espère que Natixis sera « freinée » dans ses délocalisations, qui devraient se faire d’ici mi-2022. Il n’est pas possible de connaître les économies réalisées ou à venir par Natixis dans le cadre du PDV. « A l’échelle d’une banque et des capitaux qu’elle manie, ce n’est pas monstreux », confie la source syndicale.
Natixis rappelle que le projet présenté en janvier « entraînerait le repositionnement d’activités équivalent à 209 postes Natixis actuellement localisés en Ile-de-France » et qu’elle a lancé « un vaste programme de mobilité interne et de formation pour ses collaborateurs ». « Ce même projet prévoit également d’internaliser à Porto 128 postes (postes actuellement non pérennes ou prestataires) », ajoute la banque qui dit avoir « pour ambition de poursuivre l’internalisation à Porto de certaines fonctions IT aujourd’hui externalisées ».
En revanche, elle ne souhaite pas « commenter d’autres chiffres ».
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