« Le financement du négoce est un métier de spécialistes »

Comment a évolué le marché du financement des matières premières en Suisse ces dernières années ?

Depuis 2020, plusieurs banques ont décidé d’abandonner le métier, après les fraudes constatées en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Cela a été le cas pour BNP Paribas ou ABN Amro. Mais, l’économie ayant horreur du vide, elles ont été vite remplacées par de nouveaux acteurs, comme des petites banques qui se sont spécialisées dans cette activité. Les banques de développement ont aussi pris davantage de poids dans le financement du commerce de matières premières car les négociants sont considérés par ces banques comme acteurs du développement économique des pays émergents.

Toutes les banques peuvent-elles se lancer dans cette activité ?

Les banques qui se lancent dans cette activité ne doivent pas le faire si elles n’ont pas une connaissance fine du métier. Elles doivent engager des collaborateurs qui disposent de compétences très pointues. Or ces équipes sont rares. La gestion du financement transactionnel par lettre de crédit, qui a été inventé en Suisse, est très spécifique. Cela reste très éloigné des métiers que pratiquent les banques par ailleurs, comme la gestion de fortune, le crédit immobilier ou à la consommation.

Quelle est la spécificité de la Place genevoise ?

Nous nous plaisons à dire qu’en Suisse nous sommes « l’orfèvrerie du négoce ». Les grands négociants sont présents, mais aussi des petites PME spécialisées sur des marchés de niche. Les banques sont proches de leurs clients négociants. La dimension humaine est importante. D’ailleurs, la Suisse n’a pas été touchée par la vague de fraudes qui a frappé l’industrie en 2020. Et depuis 2021, avec la création d’un guide de bonnes pratiques sur le financement des matières premières, les banques de la Place collaborent toutes pour s’assurer de la rendre encore plus sûre.