L’informatique dématérialisée bridera la rentabilité de SAP sur les trois prochaines années
Le leader européen des logiciels prévoit désormais une marge d’exploitation de 33,3% au maximum en 2017, contre un niveau de 35% auparavant attendu.

La montée en puissance de SAP dans le cloud computing (informatique en nuage ou dématérialisée) freinera la progression de sa rentabilité opérationnelle au cours des trois prochaines années, a indiqué hier le leader européen des logiciels en présentant ses résultats annuels. Alors que le groupe allemand tablait jusqu’ici sur une marge d’exploitation (non IFRS) de 35% pour un chiffre d’affaires global de 22 milliards d’euros à l’horizon 2017, il anticipe désormais à cette échéance un bénéfice d’exploitation compris entre 6,3 et 7 milliards pour un chiffre d’affaires de 21 à 22 milliards, soit une marge de 33,3% au maximum. Celle-ci s’élevait à 32,1% l’an dernier, après 32,4% en 2013. L’action a terminé sur un recul de 4,6% à 54,9 euros après ces nouvelles prévisions.
Interrogé par l’Agefi, Henri van der Vaeren, directeur général SAP France et Belux, souligne que «les ventes de licences ont progressé en 2014 de 22% sur le marché français, les revenus issus du cloud connaissent quant à eux une croissance de 38% d’une année sur l’autre». A l’échelle du groupe, ces chiffres ressortent respectivement à -3% et +45%.
Le passage d’un modèle économique générant des revenus immédiats (issus des ventes de licences) à un modèle fondé sur des revenus différés (fourniture de services d’abonnement) a conduit SAP à multiplier depuis 2011 les opérations de croissance externe pour rester concurrentiel. Bouclée le mois dernier, l’acquisition de l’américain Concur a porté sa dette nette à 7,7 milliards d’euros à fin 2014, contre 1,5 milliard un an plus tôt. Le groupe a en effet financé ce rachat par une ligne de crédit de 7 milliards d’euros. Le paiement de 555 millions d’euros lié au règlement d’un litige, ainsi qu’une hausse des investissements, ont fait chuter de 13% son cash-flow libre annuel à 2,8 milliards.
«Nous sommes dans une logique de parts de marché», a déclaré le président du directoire Bill McDermott, qui vise des revenus issus du cloud supérieurs à ceux émanant des licences en 2018. La taille critique dont disposera SAP à ce moment-là «permettra une croissance accélérée du bénéfice d’exploitation». En 2020, ce bénéfice devrait se situer dans une fourchette de 8 à 9 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires attendu entre 26 et 28 milliards, près des trois quarts de ce dernier ayant alors un caractère récurrent.