Sony déjoue momentanément la pression de Third Point
Le groupe japonais a rejeté l'appel du fonds spéculatif à réduire la voilure dans le domaine des loisirs afin d'améliorer sa rentabilité

Les dirigeants de Sony ont rejeté mardi 6 août la
proposition de l’actionnaire Daniel Loeb de vendre jusqu’à 20% de la division
loisirs (cinéma, télévision, musique) en vue d'améliorer la rentabilité du groupe. Selon
l’investisseur, qui détient environ 7% du capital, cette activité est mal gérée et Sony doit plutôt se consacrer à sa division électronique.
Ignorant l'appel de Daniel Loeb et son fonds spéculatif Third Point,
le groupe nippon met en oeuvre une stratégie visant à renforcer l’intégration
de ses activités dans le domaine des loisirs et de l’électronique (téléviseurs,
équipements mobiles …). « Je suis fermement
déterminé à assurer leur croissance, à améliorer leur rentabilité et à miser
sur la complémentarité entre nos produits électroniques et nos activités de
service », a réaffirmé le directeur général de Sony, Kazuo Hirai. Pour ce dernier les activités de loisirs et d’électroniques
ne peuvent pas être séparées et leur la partie loisir « constituera un important moteur de la croissance » à l'avenir. Le groupe prépare justement la mise en vente de la console Playstation
4 cette année alors que les consommateurs migrent vers les jeux sur mobiles de Samsung
et Apple. Seule concession aux assauts du fonds spéculatif, Kazuo Hirai consent à accroître la transparence des comptes de la division loisirs.
La semaine dernière, Sony a publié un bénéfice
opérationnel supérieur aux attentes pour le premier trimestre 2013, à 36 ,4
milliards de yens, ses exportations (70% de son chiffre d’affaires)
ayant profité de l’affaiblissement du yen. Cette amélioration intervient alors que le
groupe a réduit ses perspectives d’exportations de téléviseurs, d’appareils
photos numériques et d’ordinateurs sur fond de forte concurrence avec Samsung
Electronics. En Brouse, Sony a vu sa valeur doubler depuis le début de l’année, portée notamment par les attentes suscitées par l’activiste Daniel Loeb et par la politique volontariste du gouvernement de
Shinzo Abe. Toutefois
le directeur financier de Sony, Masaru Kato, se veut lucide: « le plus grand défi auquel nous sommes confrontés est la
renaissance de l’électronique et le retour à la rentabilité de cette division ».
Nombre d’analystes et d’investisseurs doutent de la cohérence de la stratégie du groupe. « Depuis 15 à 20 ans qu’
ils détiennent leurs activités, ils n’ont toujours pas démontré de synergie significative avec l’électronique »,
a critiqué un analyste de Hudson Square
Research à New York, Daniel Ernst. Ancien pionnier de l’électronique grand public, Sony s’est fait dépasser par des concurrents tels que
Samsung Electronics et Apple.
Pour sa part Daniel Loeb ne désarme pas. « Mettre l’accent sur la rentabilité et l’amélioration des marges devraient
alléger la bureaucratie et ainsi libérer
des ressources », s’impatiente t-il pointant du doigt le recul de 16% des
ventes dans l’activité images de Sony à fin juin. Il se dit
également prêt à explorer d’autres options avec les dirigeants. En juillet, le directeur
financier et Third Point ont étudié au moins 30 scénarios allant de la scission
partielle à la vente total de certaines activités, affirment des proches du dossier cités par Reuters. Pour Makoto Kikuchi, de la
société de gestion Myojo AM, Third Point
pourrait lancer un appel direct aux actionnaires, parmi lesquels figurent un
nombre non négligeable d’étrangers.