La bonne tenue du PIB britannique fin 2007 ne préjuge en rien de 2008
Les autorités monétaires vont devoir au cours des prochains mois composer avec une conjoncture dégradée et une inflation encore élevée
Croissance en trompe-l’œil pour l’économie britannique. Selon les chiffres de l’Office national des statistiques, la progression séquentielle du PIB a atteint 0,6 % au dernier trimestre 2007 contre des anticipations de 0,5 %, mais elle fait suite à une croissance de 0,7 % entre le deuxième et le troisième trimestre, la hausse du coût du crédit « ayant surtout pesé sur la demande des services bancaires et immobiliers ». La production manufacturière a été étale en raison d’un affaiblissement de la demande extérieure. La progression moyenne du PIB ressort ainsi à 3,1 % sur l’ensemble de l’année 2007, la plus élevée depuis les 3,3 % enregistrés en 2004, mais il s'agit paradoxalement du plus faible taux de croissance trimestriel depuis le troisième trimestre 2006, avec un taux annuel ramené à 2,9 % au quatrième trimestre contre 3,3 % à fin septembre.
Cette situation explique bien l’embarras de la Banque d’Angleterre perceptible dans les minutes du comité de politique monétaire du 10 janvier publiées hier. Celles-ci montrent que seul un membre sur neuf du comité a voté contre la décision de maintenir les taux d'intérêt inchangés à 5,5 %. Les autres s’en sont tenus au statu quo en raison de perspectives d'inflation à court terme « sensiblement détériorées » restant au-dessus de l’objectif de 2 % de l’institut d’émission, la dépréciation de la livre sterling depuis la mi-novembre « ayant encore renchéri le prix des produits importés ». Le comité a cependant relevé que « les risques d'un retournement de la conjoncture étaient plus grands qu'en novembre dernier », en soulignant des ventes de détail décevantes en fin d’année.
Face à ce constat peu amène, le consensus reste ancré sur une baisse des taux de 25 points de base lors de la réunion du prochain comité le 7 février, égale dans son ampleur à la première détente du 6 décembre, alors même que la banque centrale doit le mois prochain actualiser ses prévisions économiques et que le chancelier de l’Echiquier considère qu’elle dispose d’« une marge de manœuvre » pour réduire les taux, désormais attendus à 4,75 % en fin d’année. La hausse du PIB pourrait en revanche se situer en-dessous du consensus d’environ 1,8 % prévu cette année au Royaume-Uni si les banques continuent à durcir les conditions de crédit, « provoquant alors un ralentissement plus large de l’économie », comme on le souligne chez BNP Paribas.